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.. (à paraître)  <art / littérature>

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Lysistrata

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Aristophane / Beardsley
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Traduction de Leconte de Lisle
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(Extraits)

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Lysistrata
, jouée en 411 ou 412 av. J.C., représente l’utopie féministe d’Aristophane, où celui-ci accorde aux femmes l’intelligence et la malice de savoir comment obliger les hommes à cesser la guerre,  puisque les hommes ne savent ni instaurer la paix ni établir l’égalité. C’est l’époque de la guerre du Péloponnèse, presque tous les maris et amants sont au combat, restent les vieillards, des ministres. Lysistrata, femme d’un magistrat athénien, se ligue avec d’autres femmes pour faire cesser la guerre grâce à ce stratagème : “Ne faites plus l’amour, cela arrêtera la guerre”, décision qui provoque chez les hommes, revenus en toute hâte, fureur, stupeur et humiliation, et chez les femmes fou rire et moqueries. Les femmes vont d’ailleurs plus loin que refuser de faire l’amour, elle s’emparent de l’Acropole, citadelle d’Athènes où se trouve le temple consacré à la déesse Athéna, où est conservé le trésor public, elles s’y barricadent et résistent à toute proposition masculine qui ne tendrait pas à une trêve immédiate.
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Voici un passage :
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(À la demande pressante de Lysistrata, les femmes se retrouvent sur une place publique d'Athènes.)
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LYSISTRATA. — Ne regrettez-vous pas que les pères de vos enfants soient absents pour la guerre? Car je sais que nous avons toutes un mari là-bas.[...]
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(Plaintes des femmes esseulées : ...que faire?)
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LYSISTRATA (encore). — Et il ne nous est pas resté le moindre tison de galant ! Depuis que les Milésiens nous ont trahis, je n’ai plus vu d’engins de huit doigts, dont le cuir nous vînt en aide. Voulez-vous donc, si je trouve un moyen, vous unir à moi pour mettre fin à la guerre ? [...]
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(Les femmes esseulées : ...que ne ferions-nous pas?)
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LYSISTRATA (toujours). — Certainement, par les deux Déesses ! Si nous nous tenions chez nous bien fardées, si nous nous  présentions nues, sauf une tunique de fin lin, épilées tout ras, il y aurait tension chez nos maris et désir de nous embrasser ; et si alors nous ne voulions pas, si nous pratiquions l’abstinence, ils se hâteraient d’entrer en arrangement, j’en suis certaine. [...]
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(Refus des femmes, dont certaines préfèreraient même que la guerre continue pour garder autant que possible leurs maris et amants ; elles finissent pourtant par faire le serment de se refuser aux hommes jusqu'à ce que la trêve entre Athènes et Sparte soit signée. Plus tard, après que les femmes se sont emparées de l'Acropole, les vieillards crient au scandale.)
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LE CHOEUR DES VIEILLARDS. — [...] Il arrive bien des choses dans une longue vie, pheu! On n’eût jamais pensé, ô Strymodoros, qu’on apprendrait que les femmes nourries par nous, peste réelle du foyer, s’empareraient de la statue sainte (la statue d’Athena, NdE), prendraient mon Akropolis, et, à l’aide de barricades et de leviers, fermeraient les Propylaea. Mais, le plus vite possible, courons vers la ville, ô Philourgos : enveloppons de ces souches toutes celles qui ont tramé ce complot et l’ont mis à exécution ; formons-en un seul bûcher, brûlons-les de nos propres mains et d’une résolution unanime, et d’abord la femme de Lykon.
Non, j’en jure par Déméter ! moi vivant, nous ne servirons pas à leurs éclats de rire. Kléoménès, qui s’empara le premier de l’Akropolis, ne s’en tira pas sain et sauf : malgré sa fierté lakoninienne, il n’échappa qu’en me livrant ses armes ; ayant une casaque tout à fait chétive, crasseuse, sordide, ni épilé, ni lavé, depuis six ans. Voilà l’homme que j’ai pris d’assaut, de vive force, avec mes dix-sept rangs de boucliers, et dormant devant les portes. Et ces femmes, ennemies d’Euripidès et de tous les dieux, je ne pourrais point, par ma présence, réprimer leur audace ?  [...]
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(Arrive, devant les portes de l'Acropole, un ministre accompagné de gardes.)
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LE PROBOULOS (le ministre). — Par Poséidon, souverain de la mer ! c’est justice : car nous nous faisons les complices de la perversité des femmes, nous leur enseignons la débauche et nous développons en elles le germe de ces complots. Nous allons dans les boutiques dire des choses comme celle-ci : "Orfèvre, le collier que tu as monté pour ma femme, hier soir qu’elle dansait, le gland du fermoir est tombé. Moi, il faut que je vogue vers Salamis ; toi, si tu as le temps, use de ton art, afin d’aller ce soir lui rajuster ce gland." Un autre, s’adressant à un cordonnier jeune et pourvu d’un engin sérieux: "Cordonnier, dit-il, la courroie blesse le petit doigt du pied de ma femme, qu’elle a très sensible : viens vers midi l’élargir de manière à ce qu’il se prête plus largement." Or, voici ce qui résulte de tout ceci : moi, Proboulos, quand j’ai levé des rameurs, et que, alors,  j’ai besoin d’argent, les femmes me ferment la porte au nez. Mais que sert de rester planté là ? Qu’on apporte des leviers, afin que je châtie leur insolence. Qu’as-tu, malheureux, à rester bouche béante ? Et toi, de quel côté regardes-tu ? Tu laisses tout, pour avoir l’oeil vers le cabaret ? Allons ! glissez des leviers sous les portes, et faites-les sauter ! Moi-même je vais soulever les leviers avec vous.
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Nota. Pour dénicher dans ces répliques les allusions grivoises d'Aristophane, il suffit de ne “penser qu'à ça”, NdE.
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(Illustration : Aubrey Beardsley, "Défense de l'Acropole", pour Lysistrata d'Aristophane.)
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À SUIVRE  dans  LYSISTRATA 
de Sophocle/Appia, à paraître aux Éditions du Héron, dans la collection <art/littérature>.
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