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ariane
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d'Anne-Marie Simond
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(Extraits)
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[…]
.     Il m’attrapa par la taille, nous fit tomber tous les deux sur le lit, et se redressant avant moi, me mit de force sur le dos — je ris, soulagée de retrouver le Lucien avec qui j’aimais vivre, tandis que lui, appuyé sur l’avant-bras, avec l’expression de satyre qu’il avait lorsqu’il voulait faire l’amour, écartait les pans de mon kimono, dégageait mon épaule, mettait les doigts sous la bretelle de mon soutien-gorge et la glissait sur mon bras pour dénuder mon sein, "Tu es plus belle qu’avant, dit-il, ta chair a vécu, c’est moi qui l’ai fait vivre, j’en suis fier.", il ajouta avec un rire agressif : "Et toi, tu peux te réjouir de m’avoir comme amant… j’ai épaissi, c’est vrai, mais je n’ai pas de ventre, j’ai tous mes cheveux, toutes mes dents, les rides ne me vont pas trop mal.", il tira sa chemise hors de son pantalon, la déboutonna, en rejeta un pan sur sa hanche et exhiba son torse nu, sans poils, dont la forte musculature restait apparente sous la chair, "En plus, je suis un bon baiseur et je sais te faire jouir." – "C’est vrai.", je me redressai sur un coude pour embrasser sa bouche de statue, ourlée et gonflée dessus et dessous, son menton rasé de si près qu’on y sentait à peine les poils de la barbe, puis je mis ma figure dans le col ouvert de sa chemise, contre la peau tendre de son cou, étonnamment fraîche malgré la chaleur, plus hâlée que le reste de son corps à cause du soleil de juillet, et je respirai son odeur âcre contrastant avec sa nature de blond, mélangée à son eau de toilette très riche qui évoquait toujours pour moi les palais florentins à larges bossages et hautes fenêtres géminées, je me soûlai à respirer ces parfums, pour me pénétrer de tout ce qu’ils représentaient d’heureux dans ma vie ; relevant les yeux, je regardai, sur le mur auquel Lucien tournait le dos, la reproduction en noir et blanc d’une estampe érotique japonaise, un détail démesurément agrandi de l’œuvre, des amants en train de faire l’amour, dont on ne voyait ni l’organe surdimensionné de l’homme, ni la vulve immense de la femme, ni même leurs corps à demi dévêtus, mais seulement leurs têtes et leurs épaules, grandeur nature, engoncées dans leurs kimonos, lui au-dessus d’elle, la soutenant dans le dos en riant sous l’effet du plaisir, elle agrippée à son cou et lui baisant la joue, des amants presque semblables de figure, qui l’auraient été s’ils n’avaient eu, lui les sourcils plus épais et les cheveux relevés en petite queue sur une fausse calvitie, et elle la coiffure féminine traditionnelle, retenue par un grand peigne et transpercée de baguettes, un assemblage de coques noires, dont celles, au-dessus des oreilles, restaient miraculeusement intactes malgré la situation ; égayée, je dis : "Lucien, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Tu es tout le contraire des monstres qui me tourmentent." – "Tu veux parler des quartiers de viande de Soutine, des gueules disloquées de Picasso, des moignons hurlants de Bacon ?", son rire restait agressif, "En effet, je me demande comment tu peux vivre avec eux…"
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[…]
.....Les phares de la voiture éclairèrent les champs de blé et d’orge bordant le chemin de terre qui menait à la maison, puis le bois d’un côté, les tournesols de l’autre, les sureaux poussant en désordre à côté de la grange, et enfin le soubassement de pierre du bâtiment ; le moment des retrouvailles avec Odette était arrivé, mon exaspération, calmée pendant quelques heures, me reprit, d’autant plus violente quand je vis Lucien, la figure crispée dans la lumière du tableau de bord, qui n’avait pas dit un mot depuis que nous avions pris la route, braquer comme un enragé pour se placer à côté des voitures garées face au verger, allumant avec les phares les feux de signalisation de leurs arrières poussiéreux, et s’arrêter et tirer sur le frein à main comme s’il voulait l’arracher ; je proposai, pour essayer de le calmer, pour me calmer moi-même : "Nous trouverons un prétexte pour partir demain matin." Il fit non de la tête, "J’ai accepté l’invitation d’Alexandra, nous sommes ici, nous y resterons, jamais personne n’a pu me faire prendre la fuite." Je voulus retrouver l’homme heureux qu’il était à Paris, me penchai pour un baiser, mais il ignora mon geste et, sans un mot, éteignit les phares, ouvrit la portière et sortit de la voiture, prenant au passage, derrière son siège, les deux sacs de voyage. Blessée, je sortis à mon tour, allai prendre sur la banquette arrière la serviette de travail que j’avais emportée avec moi ; gênée par les manches trop ajustées de ma robe, je crus que la dentelle se déchirait, et à l’idée d’avoir, par défi, accepté de porter une robe aussi provocante, j’eus envie d’écarter les bras trop fort et de les lever trop haut pour la déchirer vraiment et m’obliger ainsi à changer de tenue avant d’affronter la famille, et j’eus tort de ne pas le faire, car Lucien, qui avait fait le tour de la voiture, commenta : "Il fallait que j’aie perdu la raison, à Paris, pour exiger que tu mettes cette robe… dans cette lumière, on te voit les seins, l’estomac et le ventre aussi bien que si tu ne portais rien du tout.", et pour me punir, posant les deux sacs et les reprenant d’une seule main, avec l’autre il prit la poignée de ma serviette en me pinçant les doigts, et quand il me l’arracha je crus qu’il m’arrachait en même temps la main.
....."…Avez-vous vu l’heure qu’il est ?" cria Alexandra en apparaissant dans l’encadrement de la porte de la cuisine, sa plantureuse personne se découpant sur la lumière jaune de la pièce, la lampe extérieure éclairant tout juste la tresse qui lui ceignait la tête, comme un diadème, et ses épaules nues, "Trouvez-vous que c’est une heure convenable pour arriver ? Nous avons commencé le dîner sans vous, et si vous ne mangez pas à votre faim, vous n’aurez pas le droit de vous plaindre.", puis elle rentra dans la maison sans nous attendre, pour bien nous montrer sa désapprobation, et elle ajouta, assez fort pour se faire entendre : "Frédéric et Léa ne sont pas là, évidemment. Je suppose qu’ils arriveront pour le dessert. Je me demande quelle éducation vous leur avez donnée."
.....Lucien entra le premier dans la cuisine. Je le suivis avec l’impression d’entrer dans un four à cause de la chaleur qui se dégageait des murs et de la cuisinière, et cette chaleur et les odeurs lourdes de nourriture et de métal chaud qui remplissaient la pièce me pesèrent sur l’estomac aussi lourdement que si j’avais une indigestion. Alexandra, encore plus digne que d’habitude, était en train de couper du pain sur la table ; voyant Lucien déposer à côté du buffet les sacs de voyage et mon bagage de travail, elle commenta avec aigreur : "Non seulement vous arrivez tous les deux avec un retard inadmissible, mais Ariane a pris de quoi travailler. Veut-elle donc me laisser toute seule avec sa famille ?"
.....Elle avait prononcé "sa famille" avec une telle insistance que je protestai : "Si tu parles d’Odette …", interrompue par Lucien : "La famille d’Ariane, c’est moi et les enfants, c’est tout.", qui ajouta avec un ricanement : "Pour ce qui est de cette réunion familiale et de ce séjour ici, ne te plains pas de devoir les assumer, c’est toi qui les as organisés, et rassure-toi, ce rôle de matrone t’ira à ravir, tu as déjà l’âge, la coiffure et l’embonpoint de ce genre de personne."
.....Lâchant son pain, mais non pas son couteau, qu’elle tint pointé vers moi comme si elle voulait m’éventrer, Alexandra me jeta un coup d’oeil dans lequel elle me rendait responsable de tout ce qui arrivait de scandaleux dans la maison, "C’est Odette qui a voulu que j’organise ces vacances ici, et elle a tellement insisté que je n’ai pas pu refuser… Je te ferai remarquer, ajouta-t-elle aussitôt, que tu ne t’y es pas opposé." – "Parce que je suis poli." répliqua Lucien. Mouchée, cherchant une réponse qui pourrait soulager son humiliation, elle examina ma robe, mon corps nu sous le haut de dentelle, et trouvant là ce qu’elle cherchait, elle déclara : "Je ne suis pas bégueule, il me semble pourtant que la robe d’Ariane n’est guère adaptée aux circonstances, qu’il aurait mieux valu…", mais Lucien l’interrompit : "Alexandra, mêle-toi de ce qui te regarde." Vaincue, elle reprit son travail, finit de couper son pain avec un soin coléreux et déposa les tranches dans une corbeille d’osier tout en marmottant : "Je me préoccupe sans cesse du bonheur de mon frère, j’ai la bonne grâce, en plus, de m’occuper de la famille de ma belle-soeur, et voilà comment je suis remerciée…"
.....Elle se tut, interrompue par un bruit de talons claquant sur le carrelage du couloir, et Mélanie entra dans la cuisine, plus court-vêtue que d’habitude, dans une robe pailletée de la teinte vert-bleu très sombre du plumage de la pie, qui lui couvrait le corps, des seins jusqu’à mi-cuisse, comme une deuxième peau ; parvenue au milieu de la pièce, elle tourna sur elle-même à la façon d’une danseuse, pour faire admirer sa nouvelle tenue, ainsi que sa coiffure relevant ses cheveux châtain sur le haut de sa tête en une espèce de haut chignon torsadé, aussi étroit et agressif qu’une corne, "Comment me trouvez-vous ? demanda-t-elle. Que pensez-vous de ma nouvelle robe ?" ; voyant l’expression vexée d’Alexandra et celle, rébarbative, de Lucien, elle s’exclama : "Je savais que ma grande soeur était bégueule, mais que mon grand frère le soit devenu, je n’en reviens pas ! Voilà que je fais partie de la famille Sainte Nitouche, c’est le pompon !" ; elle alla poser les mains sur les épaules de Lucien et, cambrée, une jambe repliée et relevée derrière elle, sa haute sandale brillant à son pied comme un bijou, elle l’embrassa rapidement sur les deux joues, "Dans ce cas, mon cher, il y a quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi laisses-tu Ariane porter la robe qu’elle a sur le dos ?", et esquivant d’avance, d’une pirouette, une réaction de Lucien, elle vint m’embrasser et chuchota près de mon oreille : "Je ne l’imaginais pas ainsi, ton Constantin, mais il me plaît beaucoup." ; elle avait parlé trop fort, Lucien l’avait entendue, il intervint : "Constantin n’appartient pas à Ariane, il est l’amant d’Odette, et souviens-toi que tu n’as aucune raison de t’intéresser à lui." – "Dieu, que mon frère est revêche ! dit Mélanie. Je ne vois pas pourquoi je ne m’intéresserais pas à lui : Odette l’a bien mis dans son lit pour savoir comment était l’amant de sa soeur !", après quoi, en quelques enjambées rapides, elle alla prendre dans le frigo deux bouteilles d’eau minérale, et les tenant dans ses bras comme deux marmots, "Pour me rafraîchir." expliqua-t-elle, elle quitta la cuisine en faisant claquer ses hauts talons sur le carrelage, laissant derrière elle les effluves de son parfum.
....."Qui a raconté que Constantin a été l’amant d’Ariane ?" demanda Lucien — il s’était tourné vers Alexandra, et celle-ci protesta : "Tu n’imagines tout de même pas que c’est moi ? C’est sûrement Odette.", elle ajouta avec hauteur : "Maintenant, je vous prie de passer à table.", et la corbeille de pain appuyée contre son ventre, ses épaules nues relevées par l’indignation, l’air d’une souveraine insultée sous son diadème de cheveux, elle quitta la cuisine à son tour.
.....Ignorant Lucien pour ne pas lire dans ses yeux ce qu’il pensait d’Odette, je m’engageai dans le couloir à la suite d’Alexandra, les mains collées au cuir de mon sac, transpirant dans ma robe trop chaude avec laquelle j’allais montrer mes seins et mon nombril à tout le monde, suivie par Lucien dont je sentais derrière moi le regard furieux, et j’eus beau marcher avec lenteur, me concentrer sur la porte ouverte au bout du couloir, dans l’encadrement de laquelle je pouvais voir, éclairés par les lumières de la maison, le tronc du marronnier, une chaise, l’extrémité de la table de jardin, ainsi que la pelouse, derrière, j’eus beau faire, je ne pus empêcher, un pas en entraînant un autre, de me trouver à l’entrée de la salle à manger.
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[…]
....."Ariane, te voilà enfin !" — c’était Odette, et du coin de l’oeil je la vis repousser sa chaise et se lever, imitée par deux personnages, l’un vêtu de blanc, l’autre de noir, Constantin et son fils, évidemment ; ne me sentant pas encore capable de leur parler, voyant Zaza assise à l’extrémité de la table, contre toute politesse, comme si les nouveaux venus n’avaient pas existé, je me dirigeai droit vers elle, les yeux fixés sur elle, sur ses cheveux courts semblables à des plumes d’oiseau ébouriffées, sa figure couverte de taches de rousseur et rougie par la chaleur, son collier trop volumineux pour elle, de grosses perles dorées, clinquantes sur le noir de la robe qu’elle portait pour détourner l’attention de son énorme ventre ; elle me sembla si cocasse, ainsi décorée comme un arbre de Noël, et si rassurante avec son air de petit Bouddha obèse que lui donnait sa grossesse presque arrivée à son terme, j’éprouvai un tel soulagement à l’idée qu’elle devait rester à Champs, avec nous tous, que je murmurai à son oreille après l’avoir embrassée : "Zaza, tu n’es pas de la famille, mais tu es celle que je préfère ici, et je te remercie d’être venue." – "Toi, tu es magnifique ce soir." déclara-t-elle quand je me fus redressée, en me prenant la main, "Je comprends pourquoi Lucien n’a toujours d’yeux que pour toi.", puis, tournant la tête vers lui qui avait retrouvé une expression calme, sinon affable, et qui venait l’embrasser à son tour : "Il est le plus beau, c’est pour ça que tu l’as préféré à tous les autres…"
....."Et moi ?", Odette tirait sur ma manche, "Qu’est que je deviens dans tout ça ?" — bien forcée, je me retournai ; stupéfaite, je découvris à côté d’elle un très jeune Constantin vêtu de blanc, et je n’eus pas le temps de me demander si je rêvais, car je vis alors, derrière lui, un quinquagénaire épais, tout en noir, qui tendait les bras à Lucien — "…Vieux compagnon de mes beuveries, disait-il en riant, que je suis heureux de te revoir après toutes ces années…" —, et c’était là le vrai Constantin, je reconnaissais le timbre de sa voix et son rire à l’intonation éclatante, mais un Constantin grisonnant et presque méconnaissable pour le reste, au crâne à peine recouvert, dessus, par une sorte de duvet coupé très court, à la figure épaissie au point que les pommettes trop larges avaient été absorbées par les joues, et celles-ci par le cou, au corps pareil à une colonne de chair dont le système pileux, dans la chemise ouverte, ressemblait à une broussaille grise, un homme tellement différent de mon souvenir que je me demandai si c’était vraiment lui et si je devais me trouver bouleversée de le revoir ou soulagée de le reconnaître si mal — "…À l’époque, tu avais déjà la beauté anachronique d’une statue grecque, continuait-il en tenant Lucien à bout de bras, tu faisais des envieux, je t’enviais, moi aussi, et j’ai peur de t’envier toujours autant, car tu as beau être plus large, tu es resté le même, tu as toujours ta dégaine élégante, ta belle figure, tes cheveux de jeune homme.", il lui donna une bourrade affectueuse, "En plus, tu es l’heureux mari d’Ariane, c’était donc toi qu’il lui fallait. Me permettras-tu de l’embrasser ?", il se tourna vers moi, "J’espère qu’elle me reconnaîtra, maintenant que j’ai beaucoup de kilos en plus et beaucoup moins de cheveux.", et disant cela, il toucha la ceinture de son pantalon, puis fit un geste vers sa calvitie.
.....Je me sentis encore plus nue dans ma robe et faillis bomber le dos pour empêcher mes seins de tendre la dentelle, je raidis mes muscles, fermai mon esprit, devins pareille à du bois, dedans et dehors, pour ne pas respirer l’odeur de Constantin, ni sentir le contact de ses mains et de sa figure quand il me prit par les épaules et m’embrassa sur les deux joues, je ne dis rien lorsqu’il m’examina comme il avait examiné Lucien et déclara : "Seuls tes cheveux ont changé, Ariane, ils te donnent l’air, avec cette robe de dentelle blanche, d’une grande dame du passé qui aurait quitté son temps pour le nôtre, mais je sais par ta soeur que tu caches sous cet air faussement poudré la même passion pour les gueules disloquées et les quartiers de viande qui te fascinaient jadis, que tu en farcis même la tête de tes malheureux élèves, et j’ai également appris que tu as deux enfants.", ajoutant : "Moi, j’ai un fils, Ivan, que je voudrais te présenter.", et il prit par le bras le garçon que j’avais failli prendre pour lui rajeuni, il le poussa en avant — j’avais l’esprit à moitié paralysé, je compris tout de même pourquoi je l’avais confondu avec son père : il avait les mêmes pommettes larges que le Constantin de jadis, ses sourcils noirs, ses yeux enfoncés, sa grande bouche rectangulaire, il lui ressemblait de façon frappante, bien que ses traits soient mélangés avec ceux de quelqu’un d’autre… ceux d’une autre femme, pensai-je aussitôt, et, gênée, je dus résister à l’envie de me détourner, m’obliger à le regarder s’incliner vers moi dans un geste de galanterie inattendue chez un garçon de son âge, à l’écouter me dire avec un léger accent : "Bonjour, Ariane, j’ai beaucoup entendu parler de vous."
....."Alors ? dit Odette en se plaçant à côté d’Ivan. Ne trouves-tu pas ces retrouvailles merveilleuses ?" ; elle paraissait tellement heureuse et épanouie que je faillis lui dire qu’au contraire je trouvais lesdites retrouvailles d’un mauvais goût parfait, mais elle ne parut pas s’apercevoir de mon mutisme, elle continua, prenant le bras d’Ivan et se serrant contre lui : "Je te dois toujours tout, c’est encore grâce à toi que j’ai rencontré Constantin et Ivan… Regarde comme il est beau. ajouta-t-elle en l’examinant avec des airs gourmands. Il a l’air d’une grande fille…"
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(conception & réalisation :  anne-marie simond ;  copyright  © <éditions du héron> 2001)